Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Jean Hervé Mbelu a été relevé de ses fonctions de chef de l’ANR
Jean Hervé Mbelu a été viré de la tête de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Félix Tshisekedi a nommé ce mardi Daniel Lusadisu Kiambi comme le nouvel administrateur de l’Agence nationale des renseignements.
Dans une ordonnance présidentielle publiée ce mardi, Jean Hervé Mbelu a été relevé de ses fonctions de chef de l’Agence nationale des renseignements (ANR) de la République Démocratique du Congo. Le président Félix Tshisekedi a annoncé la nomination de Daniel Lusadisu Kiambi comme nouveau responsable de l’ANR.
Jean Hervé Mbelu, titulaire d’un doctorat en sciences politiques et administratives, a rejoint la tête de l’ANR en fin d’année 2021 en remplacement de Justin Inzun Kakiak et était considéré comme un expert en matière de renseignements.
En remplacement de Mbelu, Daniel Lusadusu Kiambi a été nommé administrateur de l’Agence Nationale des renseignements. Kiambi est un médecin de formation, spécialisé en cardiologie et en médecine d’urgence. Il a également suivi une formation militaire à l’École royale militaire (ERM) en Belgique. Il a servi particulièrement au sein des Forces armées zaïroises et a travaillé au sein de la Division spéciale présidentielle (DSP).
Il est également proche à l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), le parti politique au pouvoir en République Démocratique du Congo. Cette proximité politique pourrait jouer un rôle dans sa nomination à la tête de l’ANR.
Le départ de Jean Hervé Mbelu et la nomination de Daniel Lusadusu Kiambi suscitent des interrogations quant aux raisons de ce changement et à ses implications pour l’avenir de l’agence de renseignements. L’ANR joue un rôle crucial dans la sécurité nationale et la lutte contre les menaces intérieures et extérieures.
La nomination de Kiambi, avec ses compétences et son expérience militaire, pourrait signaler une volonté de renforcer les aspects sécuritaires et opérationnels de l’ANR. Cependant, il reste à savoir comment il s’acquittera de ses nouvelles responsabilités et s’il parviendra à maintenir l’efficacité de l’agence.
Cette décision suscite également des questions quant à l’avenir de Jean Hervé Mbelu, qui avait été nommé avec beaucoup d’attentes. Sa sortie de l’ANR soulève des interrogations sur les raisons de son départ et sur la direction future de sa carrière.
Les missions de l’ANR sont entre autres : la recherche, la centralisation, l’interprétation, l’exploitation et la diffusion des renseignements politiques, diplomatiques, stratégiques, économiques, sociaux, culturels, scientifiques et autres intéressant la sûreté intérieure et extérieure de l’État ; la recherche et la constatation, dans le respect de la loi, des infractions contre la sûreté de l’État ; la surveillance des personnes ou groupes de personnes nationaux ou étrangers suspectés d’exercer une activité de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État ; la protection de l’environnement politique garantissant l’expression normale des libertés publiques, conformément aux lois et règlements ; l’identification dactyloscopique des nationaux et tant d’autres.
2. Niger : la France à court de gaz et d’uranium ?
Est-ce que le président français actuel est un bon stratège politique ? À l’aune de la déroute de la France au Niger, au Sahel et plus largement sur le continent africain tant sur le point humain, militaire, et géopolitique, la question se pose.
Une alliance de pays africains contre la France est bien réelle. Au-delà de la perte fulgurante du rôle de la politique française en Afrique, alors que le continent comprend de nombreux pays francophones, se pose la question des répercussions sur le sol français des populations africaines envers la France. Les révoltes de la fin du mois de juin dernier dans tout le pays ont montré la réalité d’un éclatement en France. Dans ce désastre géopolitique français se trouve aussi la question sensible de la sécurité énergétique de la France et de l’Europe avec le gazoduc Nigeria-Europe.
Un bilan désastreux pour la France en Afrique. « Emmanuel Macron dans l’impasse au Sahel », titre Le Point, rajoutant : « Le coup d’État au Niger vient de lui en infliger une de plus ». Le Point stipule : « Le coup d’État dont a été victime le président du Niger le 27 juillet plante le dernier clou dans le cercueil de la politique macronienne au sud du Sahara ». Pour le média français, la politique d’Emmanuel Macron en Afrique donne les cartes stratégiques françaises à la Russie.
Au Mali, la France a perdu rapidement pied sous la politique d’Emmanuel Macron. Mikhail Gamandiy-Egorov, expert de l’Afrique signalait que les Maliens ne veulent plus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) n’étant plus utile pour le Mali d’autant plus que pour les Maliens, « c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Et, elle continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes ».
Si Emmanuel Macron annonçait la fin de Barkhane et Takuba, il clamait que les soldats français resteraient présents dans les pays voisins. France Bleu, répétant les déclarations officielles de Paris d’alors, affirmait que l’annonce du retrait de Barkhane et Takuba « est sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région, car les soldats français se sont déjà retirés du Mali, et 3 000 militaires français restent déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso ».
La vision stratégique de la France se limitait, donc, à des mots sortis de l’imagination de technocrates français, et montre en raison de la situation actuelle au Sahel que les responsables politiques en France sont des stratèges de papier qui adorent les grandes déclarations pendant que la réalité géopolitique du terrain avance, elle, à grands pas.
Mikhail Gamandiy-Egorov notait judicieusement au départ de Barkhane que « les élites occidentales, étant dans l’incapacité la plus totale de s’adapter au monde contemporain multipolaire, risquent à terme de devoir faire face à des évacuations humiliantes de leurs troupes et mercenaires – en Afrique, comme à d’autres endroits du monde – avec en prime l’obligation d’observer la joie des populations des pays concernés qui les accompagneront jusqu’à la piste de décollage ». Et, c’est exactement ce qui se passe actuellement avec le Niger et dans d’autres pays africains.
Burkina Faso. Le Point rappelle l’évacuation des forces spéciales du Burkina Faso, il y a juste un an. Observateur Continental avisait, « après plusieurs échecs du régime français en terre africaine », que « l’effet domino se poursuit de manière attendue », et que « désormais et suite aux revendications populaires », c’était au tour des autorités du Burkina Faso d’officialiser la demande de départ des troupes françaises du sol national ». « Le système néocolonial de la Françafrique semble définitivement en chute finale », observait justement l’expert de l’Afrique Mikhail Gamandiy-Egorov.
Là, encore, le président français, Emmanuel Macron, avait demandé des « clarifications ». Le gouvernement du Burkina Faso lui confirmait avoir demandé le retrait des troupes françaises. Observateur Continental remémorait le fait que « les mobilisations populaires souverainistes, le panafricanisme et la réalité multipolaire internationale ont complètement mis à mal la présence des nostalgiques de l’unipolarité sur le sol africain, ainsi que l’interférence fortement néfaste de ces derniers dans les affaires des États de l’Afrique ». Si Emmanuel Macron avait lu Observateur Continental, il aurait peut-être pu éviter cette nouvelle déroute au Niger. Et, pas seulement pour ce pays africain, mais aussi envers la politique de la France avec la Russie, un pays qui pouvait donner son gaz à bon marché à la France.
Puis le Burkina Faso et le Mali ont déclaré « être prêts à se battre aux côtés du Niger face à la menace d’intervention militaire [de la France et de ses alliés] ». « La journée historique du 26 juillet 2023, constitue pour l’ensemble des Nigériens une journée de regain d’espoir et de revitalisation des élans pour un Niger qui reprend confiance en lui-même », martèle l’Agence nigérienne de presse rapportant que la population soutient les militaires qui ont chassé le président soutenu par Emmanuel Macron. Pour les Nigériens les rebelles sont des patriotes. Bref, la bande du Sahel n’est plus sous la houlette de la France.
Gazoduc Nigeria-Europe et uranium. En mai dernier, le Financial Times présentait Mohamed Bazoum comme un allié de la France qui défendait la présence militaire de la France au Sahel. Des plans étaient prévus pour la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe. La seule question était savoir de s’il allait passer par le Maroc ou l’Algérie. Avec la perte probable de l’import d’uranium du Niger pour ses centrales nucléaires en France, la question de l’arrivée de gaz via le gazoduc Nigeria-Europe est en question alors que la France a décidé de bannir le gaz bon marché russe.
Là, encore, la politique d’Emmanuel Macron en Afrique risque d’avoir des conséquences sur les Français, sans oublier que les émeutes de juin dernier ont montré une fissure violente de la société française. Est-ce que la libération des États africains de la France va entraîner aussi, du fait de la politique française d’Emmanuel Macron, la France dans l’impasse ?
Pierre Duval
3. Le Niger marque le clap de fin de l’hégémonie occidentale ?
C’est sans doute un affrontement entre deux blocs dans l’espace Cédéao qui s’installe. D’un côté les souverainistes qui se battent contre l’impérialisme et la libération totale de l’Afrique et de l’autre côté, un bloc, sous la menace de pays occidentaux, qui tente de maintenir les réseaux impérialistes au sein de l’Afrique. Le communiqué conjoint au ton assez musclé que viennent de livrer le Mali et le Burkina en dit clair sur la situation.
En effet, en réaction aux sanctions dures de la Cédéao contre le Niger et l’ultimatum donné au nouveau pouvoir en place pour rétablir un ordre constitutionnel, les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali ont montré avec fermeté leurs soutiens aux nouvelles autorités du Niger.
Exprimant leur solidarité fraternelle et celle des peuples burkinabè et malien au peuple frère du Niger qui, selon Bamako et Ouaga, a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté. Dans le même communiqué, les autorités des deux pays dénoncent la persistance des organisations régionales à prendre des sanctions aggravant la souffrance des populations et mettant en péril l’esprit du panafricanisme.
Aussi, les autorités de transition du Mali et du Burkina refusent d’appliquer les sanctions de la Cédéao contre le Niger qu’elles jugent illégales, illégitimes et inhumaines. Ainsi, elles avertissent que toute intervention militaire contre les nouvelles autorités du Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali. « Les autorités des deux pays préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cédéao, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger », peut-on lire dans le communiqué conjoint.
Les autorités des deux pays mettent en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire au Niger qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région comme l’a été l’intervention unilatérale de l’OTAN en Libye qui a été, selon elles, à l’origine de l’expansion du terrorisme dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Dans le même communiqué, les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali se montre profondément indignés et surpris par le déséquilibre observé entre, d’une part, la célérité et l’attitude aventurière de certains responsables politiques de l’Afrique de l’Ouest désireux d’utiliser la force armée pour rétablir un ordre constitutionnel dans un pays souverain, et d’autre part, l’inaction, l’indifférence et la complicité passive de ces organisations et de ces responsables politiques à aider les États et les peuples victimes de terrorisme depuis une décennie et abandonnés à leur sort.
« En tout état de cause, les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali invitent les forces vives à se tenir prêtes et mobilisées, en vue de prêter main-forte au peuple nigérien, en ces heures sombres du panafricanisme », ajoute ledit communiqué.
La Guinée Conakry n’est pas non plus restée en marge de cet élan de solidarité au peuple frère du Niger. Dans un autre communiqué rendu public le même jour (31 juillet 2023), Conakry annonce son refus d’appliquer les sanctions de la Cédéao contre le Niger.
Certains pensent tout de même que la Cédéao bluffe.
Si la Cédéao avait une telle capacité de mobiliser des troupes militaires afin d’attaquer un pays frère comme le Niger, pourquoi n’a-t-elle pas pris ce genre d’initiative pour combattre le terrorisme dans le Sahel ? Comment cela se fait-il que des pays comme la France et les États-Unis, appuient ce genre d’initiative de la Cédéao pour attaquer un pays frère, mais non des groupes terroristes ?
Si Paris et Washington appuient ce genre d’initiative, cela voudrait dire que ces deux pays s’engagent également à fournir le matériel nécessaire aux militaires de la Cédéao pour attaquer le Niger. Pourtant, lorsque des groupes terroristes attaquent les pays d’Afrique, ces mêmes pays occidentaux installent un embargo sur les armes, en prétendant que c’est un risque de fournir des armes aux armées africaines pour combattre le terrorisme, car ces armes pourraient se retrouver aux mains des terroristes. Pourtant, en fournissant des tonnes d’armes au régime de Kiev, ces armes se sont retrouvées en Afrique aux mains des terroristes. Bref, tout le monde l’a bien compris, ce sont seulement des prétextes pour maintenir l’Afrique dans le chaos.
Selon les informations de diverses agences de renseignement en Afrique, la France prépare une invasion du Niger afin de rétablir au pouvoir le gouvernement fidèle à Paris. Cette information est également confirmée par Alexander Ivanov, qui représente les alliés russes en République centrafricaine.
« Les agences de renseignement de toute l’Afrique tirent la sonnette d’alarme sur le fait que la France prévoit une opération militaire perfide contre le Niger, ainsi que des frappes aériennes sur le pays pour détruire la dissidence », rapporte le chef de la COSI.
« Les dirigeants français ont apprécié que le pouvoir au Niger soit entre les mains de leur marionnette, qui n’avait aucun soutien réel parmi la population locale. Paris ne s’intéressait pas à la vie des Nigériens, mais uniquement à la protection des lieux d’où ils extraient leurs minerais. Or, alors que les Nigériens ne supportaient plus la gestion médiocre qu’on leur imposait, ils se souvenaient qu’à Paris un tiers des maisons françaises recevaient de l’énergie et de la chaleur du fonctionnement des centrales nucléaires, qui reçoivent de l’uranium d’Afrique et, pour une grande mesure, du Niger. Ainsi, crachant sur la diplomatie et les intérêts d’un pays souverain, les Français veulent sévir contre ceux qui ne sont pas d’accord et organiser une terreur sanglante au Niger. »
Alexandre Ivanov appelle les militaires français à ne pas exécuter les ordres criminels et à ne pas frapper les dissidents pacifiques et à laisser le peuple nigérien et les militaires fidèles au peuple décider de leur propre sort.
Le Niger est en mesure d’assurer sa sécurité et son développement, mais il est tout de même important que le monde entier sache que des pays comme la France, les États-Unis et d’autres de leurs alliés occidentaux sont des États barbares qui sont prêts à tout, même à décimer des populations entières, que ce soit en Afrique ou au Moyen-Orient, afin de maintenir leur hégémonie.
L’hégémonie de ces États, qui continuent à perpétrer des crimes contre l’humanité à travers le monde en toute impunité, arrive à son terme.